Le projet

(n=6–9)
Les perruches de Maisons-Alfort

2020-2021
Travail produit dans le cadre de la commande publique «Regards du Grand Paris» des Ateliers Médicis en partenariat avec le CNAP.


Importées en France pour décorer les intérieurs par leur atouts exotiques, une trentaine de perruches à collier se sont échappées de l’aéroport d’Orly en 1974. Depuis, les oiseaux se sont reproduits et ont envahi le ciel parisien. Alors que certains les considèrent comme une espèce invasive dont il faut arrêter la progression, des chercheurs ont montré que l’espèce n’est pas une menace pour l’écosystème urbain parisien - elles ne sont que de simples gros oiseaux, comme les pigeons ou les pies.

Un parallèle peut être dessiné entre ces oiseaux et des trajectoires post-coloniales : cette espèce, appréciée précisément pour son exotisme, était aimée en cage, mais est perçue comme menaçante en liberté. En étudiant le vocabulaire utilisé le plus souvent pour décrire l’espèce, j’ai réalisé que celui-ci correspondait au même champ lexical invoqué dans les discours racistes. Les images sont accompagnées de phrases isolées de leur contexte trouvées sur Internet, dans lesquelles une troublante ambivalence rend au spectateur difficile de savoir si l’on parle bien d’oiseaux. La phrase "Mais qu'est-ce qu'invasif veut dire?", quant à elle, prononcée par un chercheur, s'interroge sur la projection sur les animaux d'une conception humaine de territoire. N’aurait-on pas à apprendre des oiseaux en contemplant le ciel et en les observant?

(n=6–9) est la structure générique de la psittacofulvine, enzyme propre aux perruches et perroquets et responsable de leur couleur verte - couleur qui les rend si identifiables et exotiques.

Tirées sur des drapeaux de soie de 80x120cm, trois de ces images sont disponible sous la forme de multiples. Des foulards portant la phrase "Mais qu'est-ce qu'invasif veut dire?", et permettant à ces images de circuler dans l'espace et de s'animer sous le vent.